"CHANTECLER, au Rossignol , d'une voix découragée
Chanter!... Mais connaissant ton cristal sans défaut,
Vais-je me contenter de mon cuivre?
LE ROSSIGNOL.
Il le faut !
CHANTECLER.
Vais-je pouvoir chanter ? Mon chant va me paraître,
Hélas ! trop rouge et trop brutal !
LE ROSSIGNOL.
Le mien, peut être,
M'a semblé quelquefois trop facile et trop bleu !
CHANTECLER.
Oh! comment daignes-tu me faire cet aveu?
LE ROSSIGNOL.
Tu t'es battu pour une amie à moi, la Rose !
Sache donc cette triste et rassurante chose
Que nul, Coq du matin ou Rossignol du soir,
N'a tout à fait le chant qu'il rêverait d'avoir !
CHANTECLER, avec un désir passionné
Oh ! être un son qui berce !
LE ROSSIGNOL.
Etre un devoir qui sonne !
CHANTECLER.
Je ne fais pas pleurer !
LE ROSSIGNOL.
Je n'éveille personne !
Mais après ce regret, il reprend, d'une voix toujours plus haute et
plus lyrique :
Qu'importe ! Il faut chanter ! chanter même en sachant
Qu'il existe des chants qu'on préfère à son chant !"
Chantecler, Edmond Rostand, 1910.
Je suis dans ma période Rostand. J'ai d'ailleurs commencé la lecture d'une autre histoire d'oiseau : L'Aiglon.
Merci de nous faire partager ces charmants vers, mais ... Saint-Simon ?
RépondreSupprimerJe ne le délaisse pas pour autant, rassurez-vous.
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