"Je t'adore, Soleil ! ô toi dont la lumière,
Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel,
Entrant dans chaque fleur et dans chaque chaumière,
Se divise et demeure entière
Ainsi que l'amour maternel !
Je te chante, et tu peux m'accepter pour ton prêtre,
Toi qui viens dans la cuve où trempe un savon bleu
Et qui choisis, souvent, quand tu veux disparaître,
L'humble vitre d'une fenêtre
Pour lancer ton dernier adieu !
Tu fais tourner les tournesols du presbytère,
Luire le frère d'or que j'ai sur le clocher,
Et quand, par les tilleuls, tu viens avec mystère,
Tu fais bouger des ronds par terre
Si beaux qu'on n'ose plus marcher !
Gloire à toi sur les prés! Gloire à toi dans les vignes !
Sois béni parmi l'herbe et contre les portails !
Dans les yeux des lézards et sur l'aile des cygnes !
Ô toi qui fais les grandes lignes
Et qui fais les petits détails!
C'est toi qui, découpant la soeur jumelle et sombre
Qui se couche et s'allonge au pied de ce qui luit,
De tout ce qui nous charme as su doubler le nombre,
A chaque objet donnant une ombre
Souvent plus charmante que lui !
Je t'adore, Soleil ! Tu mets dans l'air des roses,
Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson !
Tu prends un arbre obscur et tu l'apothéoses !
Ô Soleil ! toi sans qui les choses
Ne seraient que ce qu'elles sont !"
Chantecler, "L'Hymne au soleil", Edmond Rostand, 1910.
"Guitry [c'est à dire Lucien] avait dit spécialement pour lui [c'est à dire pour Sacha] l’Hymne au soleil d’une manière admirable, insurpassable. Mais comme Sacha lui en faisait compliment et rendait hommage au texte, Lucien aurait ronchonné :
- Oui… Oui… c’est très beau… mais… il fallait se foutre en coq !!!"
Jacques Lorcey, Edmond Rostand, Anglet, Atlantica, 2004, tome II, p. 212.
Un des costumes de coq réalisés pour la pièce |
La postérité n'est pas toujours juste, et il me semble qu'elle a commis une grave erreur en oubliant Chantecler. Je ne l'ai pas vu jouer, mais à la simple lecture, je suis tenté de mettre cette pièce au-dessus de Cyrano. Et pourtant, j'aime beaucoup Cyrano.
Vous devez connaître l'histoire du noble baudet qui parvient au bord d'un fleuve qu'on lui avait dit pouvoir se traverser à gué. Le fleuve est gros et le noble baudet hèle un batelier pour le faire traverser.
RépondreSupprimer- Ce sera trois sous monseigneur.
Mais arrivé au milieur du fleuve, le batelier demande encore trois sous pour accoster sur l'autre rive:
Moralité : Sire âne aux deux berges raque !
Pas mal ! Je ne la connaissais pas.
SupprimerLe soleil, notre seul et véritable Dieu.
RépondreSupprimerMagnifique !
Content que vous aimiez.
SupprimerMerci de rappeler cette grande pièce de Rostand, dont le titre avait été choisi par mes grands-parents pour nommer leur maison ...
RépondreSupprimerCyrano, la prodigieuse, a tout éclipsé, mais Chantecler et l'Aiglon ne laissent pas indifférent.
Vos grands-parents étaient gens de goût.
Supprimer